La recette du Fond

La recette que nous allons décrire correspond au compartiment Combes qui est seul en service à l'heure actuelle. Cette recette située cote 100 a son axe décalé vers le sud par rapport à l'axe du puits.

Etant donnés le poids des berlines (pouvant atteindre 5 t pour une berline de remblai) et la nécessité de diminuer au maximum les temps de manoeuvre, la recette est entièrement mécanisée. Comme les terrains de cette région sont assez mauvais, toute la partie qui comprend des appareils a été maçonnée et cimentée.

Aménagement

Le plan de la recette est simple ; celle-ci comprend :

1° Une galerie dite galerie des pleines par où arrivent tous les convois venant des quartiers. Cette galerie possède deux voies : la voie Sud où sont stockées les pleines et la voie Nord qui sert à la circulation des locomotives ; une bretelle permet d'utiliser une partie de la voie Nord pour stocker les pleines en excédent. Le stock maximum que l'on peut mettre sur la voie Sud est de soixante berlines. Cette galerie a été creusée, descendant dans le sens du roulage à 4 %;

2° Une galerie dite galerie des vides où sont formés les convois de vides. Le stockage maximum est de cinquante berlines, la galerie est de niveau;

3° Une galerie de communication permettent à la locomotive qui a laissé son convoi plein de venir s'atteler à un convoi vide;

4° La recette proprement dite ayant grossièrement la forme d'un V. Sur la branche Sud du V se trouvent le ravanceur des pleines et la chaîne releveuse ; le fond du v est constitué par le rebroussement et sur la branche Nord se trouvent l'encagement, le puits, le décagement et le pousseur des vides.

Nous allons étudier les différentes parties de cette recette en suivant le trajet des berlines.

1) Ravanceur - Chaîne releveuse - Ces deux appareils forment un tout, car ils doivent fonctionner simultanément.

Le ravanceur a pour but d'approcher les berlines à la base de la chaîne releveuse. C'est un pousseur à air comprimé qui attaque la benne par l'essieu arrière et dont la puissance est telle qu'il pourrait tirer un convoi de soixante berline pleines sur une voie horizontale. Son fonctionnement n'est pas automatique ; il est commandé par un ouvrier chargé de dételer les bennes entre le ravanceur et l'écluseur. Immédiatement après le ravanceur, la voie est automotrice.

Entre le ravanceur et la chaîne releveuse, se trouve un arrêt à ressort du même type que ceux de la recette du jour. Il fonctionne comme écluseur, c'est à dire qu'il laisse passer les bennes une par une. La chaîne releveuse commande au moyen d'un relais pneumatique l'effacement de l'arrêt de telle sorte que la berline vienne se placer en bonne position pour être prise par le crapaud de la chaîne releveuse. La berline elle-même refait l'arrêt derrière elle en passant sur une pédale.

La chaîne releveuse rattrape une différence de niveau de 1,80 m. Elle est du même type que la chaîne releveuse du jour. Son moteur électrique a une puissance de 17 cv et son débit horaire est de soixante cinq berlines. Un crocodile situé à la base est destiné à empêcher les oscillations des berlines. enfin, le bâti de la chaîne releveuse est placé dans une fosse permettant des visites et des réparations rapides.

2) Au sommet de la chaîne releveuse, la voie est automotrice. Les berlines descendent par gravité, prennent de la vitesse et franchissent l'aiguille de rembroussement. Dans le cul-de-sac la voie est montante, la benne s'arrête quelquefois va jusqu'au butoir et revient en sens inverse. L'aiguille automatique située à l'entrée de la recette proprement dite côté encagement répartit les bennes alternativement sur chaque voie. Pratiquement, ces manoeuvres à la gravité se font parfaitement : les aiguilles fonctionnent très régulièrement et les bennes ne prennent pas des vitesses exagérées.

3) La recette côté encagement comprend sur chaque voie comme à la recette du jour :
a) un frein;
b) un arrêt à ressort formant écluseur;
c) un encageur;
d) un plancher mobile.

Ces trois derniers appareils sont enclenchés et normalement à l'échappement. On ne peut les faire fonctionner que lorsque la cage correspondante est en recette.

Une niche creusée dans le parement Nord de la recette constitue le poste de manoeuvre où se tient l'enchaîneur et où se trouvent le pupitre permettant de faire les manoeuvres et tous les dispositifs de signalisations électriques.

Tous ces appareils ont été conçus sur le même principe que ceux de la recette du jour, mais les encageurs sont plus puissants et les planchers mobiles permettent une plus grande latitude pour la position de la cage en recette. Sous le plancher de la recette se trouve une fosse qui permet la visite et le graissage des appareillages.

4) Le puits et l'avant carré qui supporte le guidage et les barrières ; le guidage en bout est interrompu à la recette et remplacé par un guidage aux quatre coins de la cage. Une soupape munie d'une came attrapée par la cage admet l'air comprimé sur les barrières et les appareils d'encagement. Au départ de la cage, cette soupape met tous les appareils à l'échappement, les barrières se ferment et il devient impossible de faire de fausses manoeuvres.

En dessous de la recette, se trouvent des taquets qui, normalement, ne servent pas ainsi que le plancher supportant les rouleaux-guides du câble-queue.

5) Côté décagement, nous avons seulement un plancher mobile enclenché avec celui qui se trouve côté encagement, une aiguille non automatique permettant de diriger les berlines sur l’une des deux voies de formation des convois vides, deux pousseurs à air comprimé pour la formation des convois vides, commandés automatiquement au passage de la berline sur une pédale. Ils peuvent refouler un convoi de quarante vides sur une voie horizontale.

Organisation

Le fonctionnement de la recette est assuré par trois hommes :

1er – Un ouvrier placé vers le ravanceur des pleines. Son travail consiste à coupler le convoi benne par benne et actionner le ravanceur de telle sorte qu’il y ait toujours une benne sur l’arrêt précédent de la chaîne releveuse. Il veille aussi à la bonne marche de la chaîne releveuse.

2e – Un ouvrier placé côté décagement vers le pousseur des vides. Son travail consiste à former les convois de vides en attelant les bennes au fur et à mesure de leur décagement.

Ces deux ouvriers sont des manœuvres dont le travail est simple et léger.

3e – Un enchaîneur qui se tient devant le pupitre et qui fait toutes les manœuvres.

A l’arrivée en recette d’une cage, la soupape admet l’air comprimé sur les appareils correspondant à cette cage seulement, les barrières côté plein et vide s’ouvrent. Sitôt les barrières ouvertes, l’enchaîneur appuie sur un levier commandant un relais pneumatique et les opérations se succèdent automatiquement dans l’ordre suivant : les planchers mobiles (côté plein et vide) s’abaissent, l’arrêt s’ouvre et l’encageur pousse la benne pleine. Dès que la benne est passée, l’arrêt se referme pour éviter que la benne suivante ne parte par gravité jusqu’au puits. Quand l’enchaîneur n’appuie plus sur son levier, l’encageur revient en arrière, et les planchers mobiles se relèvent. La course de l’encageur est réglable et l’enchaîneur le fait varier suivant que la cage en recette est haute ou basse. L’opération d’encagement dure de 4 à 6 secondes. Dès que la cage est partie, les barrières se referment par gravité.

Pendant la cordée, l’enchaîneur prépare l’encagement suivant. Pour cela, il abaisse son frein et laisse passer une seule benne qui vient buter sur l’arrêt.

Ces manœuvres sont donc excessivement simples. Elles demandent simplement de l’attention de la part de l’enchaîneur.

En dehors de la signalisation normale (type Le Las), l’enchaîneur a le téléphone avec la recette du jour. Il a aussi la possibilité d’arrêter la chaîne releveuse, s’il y a trop de bennes en recettes.

Graissage et Entretien

Les appareils sont graissés tous les jours au début du poste d’extraction. De plus, tous les jours un ajusteur passe pour faire les petites réparations signalées par l’enchaîneur. Une fois par semaine, une révision complète est faite.

Résultats obtenus

La recette du fond a donné jusqu’à présent toute satisfaction. Les appareils sont robustes et largement dimensionnés. Les pentes automotrices ont été calculées avec assez d’exactitude pour qu’aucune benne ne s’arrête sans pourtant qu’elle prenne des vitesses exagérées.

A notre ancien puits Combes, nous avions besoin de deux postes d’extraction. La recette du fond était équipée en recette passante non mécanisée avec cages à deux étages de deux berlines de 630 litres et taquets hydrauliques. Le personnel était de six hommes par poste, soit douze par jour. De plus, nous devions monter le remblai des grandes préparations au rocher par le puits de service de la Chana. Actuellement, nous montons tout par le puits Charles en un poste, soit en moyenne 1 100 t de charbon brut trié et 50 t de remblai.