La genèse

Introduction

 

A l'instar de ses consœurs, la Compagnie de Mines de Roche la Molière et Firminy avait adopté la tradition du baptême de ses puits en hommage à un éminent membre de son conseil d'administration. Cette instance de gouvernance a respecté cette tradition en 1939, en baptisant "Charles" ce nouveau puits fraichement foncé, en hommage à Charles Cabaud venant de décédé ((1858-1939) Maison Descours & Cabaud à Lyon) . Auguste Isaac assuma cette tache et pris la présidence pour la seconde fois afin d’assurer la continuité au sein de la compagnie. A cette date, l’ensemble de la documentation perd l’appellation « Puits Neuf ».

 

A sa livraison, les concepteurs du puits Charles l'ont qualifié fièrement de moderne à taille modeste. Il est vrai que les qualités de ce projet ont pu se mesurer dès sa mise en route. Toutefois, cette réussite cache une gestation d'une dizaine d'années, longue période de doutes et de demi-décisions itératives. Les nombreuses notes fournies au conseil d'administration par la Direction attestent du tâtonnement de l'équipe d'ingénieurs en charge de l'organisation de l'exploitation de la compagnie.

 

L'art de l'ingénieur est d'établir des réponses étayées à des problèmes complexes, l’art de l’entrepreneur repose sur la capacité à mettre en œuvre une vision pour atteindre la réussite de l’entreprise. Au travers de ces notes, les ingénieurs de la compagnie ont prouvé qu'ils disposaient de toutes ces qualités.

 

Du fait de la grande superficie de la Concession n°62 qu'elle ambitionnait d'exploiter, la compagnie avait découpé ce vaste territoire en trois divisions: Roche au nord, La Varenne au centre et Malafolie au sud. Chacune de ses divisions disposait de sa propre organisation établie en fonction de la problématique d'exploitation rencontrée (topographie, nature et profondeur des couches de charbon). Les ingénieurs divisionnaires habitaient au cœur de leur division, à proximité de leurs bureaux respectifs. Ces sœurs jumelles étaient animées par une direction technique transversale établie dans les bureaux généraux à Firminy. Cette organisation a permit une homogénéisation des réponses techniques, tout en les adaptant aux cas particuliers pour chaque champ d’exploitation.

 

plan des divisions
plan des divisions
 
Le virage du siècle
 
Avant la grande guerre, la compagnie prospérait depuis une centaine d’année sur un gite minier accessible en de nombreux endroits mais principalement par les installations suivantes:
 

Division de Roche Division la Varenne Division de la Malafolie
Dolomieu (1812)
Sagnat (1860)
Gruner (1877)
Essarterie1&2 (1902-1908)
Granges (1870)
Troussieu (1880)
Combes (1890)
Monterrad2(1863)
Ban (1872)
Malafolie2 (1877)
Cambefort (1904)

 

Ces trois champs, reconnus et mis en exploitation distinctement avaient des maturités différentes. Celui de Roche, compte tenu des réserves reconnues semblait stable, tandis que celui de la Malafolie se déplaçait lentement vers le nord du fait de l’impossibilité d’extraire sous l’urbanisation de Firminy. D’autre part, le champ de la Varenne se déplaçait vers le Sud-Est au fur et à mesure de son extraction. Au virage de la guerre, et pour assurer l’effort demandé, la compagnie lança une campagne soutenue d’investissements pour assurer la continuité et la durabilité de ses revenus.

 
Le déploiement de la Malafolie, la continuité de la Varenne

Les recherches effectuées à partir du puits Cambefort ont mis en exergue un champ vierge de la 3eme couche Beaubrun. Dès 1912 une campagne de reconnaissance fut entreprise pour reconnaître la position de cette couche et éventuellement en trouver d’autres entre le puits Cambefort, la fendue des Chataigners et le puits de Troussieu. Ainsi furent forés les puits d’Alus (1918) et Voisin (1920) pour déterminer la géométrie, la qualité des charbons et le tonnage disponible. Compte-tenu de la probabilité de trouver la couche, ces puits ont été forés à leur diamètre nominal pour le service et retour d’air. Ils serviront durant une quarantaine d’années.

 

En 1922 fut lancé le forage du puits de la Chana, au milieu d’une carrière, pour principalement descendre les remblais nécessaires aux travaux souterrains du puits Combes à l’aplomb et le service annexe (descente de bois et retour d’aérage).

 

Georges Perrin-Pelletier prend son service à la compagnie en qualité d’ingénieur principal adjoint après avoir laissé la sous direction de l’Ecole des Mines de Saint Etienne. De 1924 à 1926, il prendra connaissance de l’importance et des enjeux des travaux en cours.

 
L’avenir de la compagnie

Le cas du forage du puits Isaac est à part. Il s’inscrit dans une logique de continuité et de survie de la compagnie. Dès 1927 est présentée une étude prospective de capacité d’extraction révèlant une baisse de 30% de la production dès 1945 par l’épuisement des champs des puits Dolomieu, Sagnat, Monterrad et des Granges. Cette note au conseil d’administration s’accompagne d’une campagne d’investissements pour la reconnaissance d’un nouveau champ à l’Est de la Varenne allant jusque 1938.

 

Cette zone importante de la concession est vierge de tous travaux et n’est absolument pas reconnue. Le fonçage du puits Isaac est décidé en 1928, les travaux débutent début 1929 et se terminent mi 1931. Ce puits, là encore foré à son diamètre nominal, devait reconnaître la suite logique de la 3eme Beaubrun. Entre 1931 et 1933 sera reconnu une petite partie de ce champ. La couche est bien là et suffisamment prometteuse pour espérer continuer à faire vivre la compagnie.

 

Dès la fin 1932, les ingénieurs commencent leurs travaux de recherche et développement pour la mise en exploitation du champ du puits Isaac.