Mémoire

Par M.Denantes,

Directeur Général Adjoint de la Compagnie des Mines de Roche-la-Molière & Firminy

 

Le gros effort accompli dans notre compagnie dès 1925-1930 pour améliorer la technique de l’exploitation par l’emploi de méthodes et de matériels modernes devait avoir son complément dans le domaine de la concentration et des installations du jour.

 

Cette concentration paraissait devoir particulièrement s’effectuer vers le centre de notre concession. Le gisement du puits Combes alors en pleine exploitation et vers lequel se dirige une partie importante des exploitations de la Division de la Malafolie, située au Sud, la découverte grâce aux recherches du puits Isaac, à l’Est, d’importantes réserves, constituaient des conditions favorables, quant au fond, à une concentration dans cette région. L’emplacement nécessaire à l’extérieur pour les bâtiments et pour le faisceau de voies ferrées pouvait y être trouvé. C’est ainsi que la Division de la Varenne se prêtait mieux que les deux autres à la création d’un siège nouveau muni de tous les perfectionnements souhaitables.

 

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Le puits Charles a donc été étudié dans la disposition générale de ses organes et de sa puissance d’extraction en vue d’une exploitation appelée à produire un maximum de 3 000 à 4 000 tonnes par jour. A l’échelle de certaines réalisations récentes, ce n’est pas un très gros puits. D’autre part, il a dû être adapté à la possibilité d’extraire simultanément à deux étages et dans deux gisements bien différents par la qualité des charbons, ce qui a conduit à la conception du puits à double extraction. Finalement, on a choisi les solutions à la fois les plus souples et les plus sûres, mais les mieux proportionnées à l’importance de l’extraction désirée. Le puits Charles est donc un puits très moderne, à l’échelle de nos gisements modestes de la Loire.

 

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L’œuvre accomplie au puits Charles présente aussi un caractère que nous aimons à souligner ici. C’est, en effet, un bel exemple de travail d’équipe. Les ingénieurs qui ont étudié les diverses parties, tant au jour qu’au fond, qui les ont adaptées les unes aux autres, et finalement en ont assuré la réalisation et l’achèvement en pleine guerre, puis sous l’occupation allemande, formaient une équipe homogène, animée d’un même enthousiasme, d’un goût commun pour les solutions neuves et hardies, et de l’unique désir de réaliser un ensemble harmonieux et bien adapté à sa fin.

 

Un animateur de grande valeur avait su réunir ces ingénieurs, coordonner leurs travaux, animer leur zèle, et créer cet esprit d’équipe indispensable : c’est M. PERRIN-PELLETIER, notre directeur général. Nous sommes heureux de lui rendre hommage à cette occasion et nous souhaitons qu’il trouve dans les différentes études que l’on va lire, en même temps que le reflet de son œuvre, le plus bel hommage que ses ingénieurs puissent rendre à leur chef, par l’heureux couronnement de leur travail en commun sous ses ordres.

 

Un caractère particulier de cette création, qui lui donne une valeur symbolique, est qu’elle a été réalisée en majeure partie pendant les années les plus sombres de notre histoire. Toute la superstructure du Puits, ainsi que le criblage et la plus grande partie des travaux du fond concernant les recettes et leurs équipements, ont été aménagées à partir de l’armistice 1940 jusqu’en 1944, constituant un bel acte de foi dans le redressement de notre Pays.

 

Cette réalisation s’est avérée particulièrement difficile sous le régime de l’occupation ; elle a demandé beaucoup d’opiniâtreté, de persévérance et de courage.